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Revue de presse de santé tropicale

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Luc Montagnier à propos du sida : un vaccin thérapeutique dans 4 ans

Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 07/10/2008 | Lire l'article original

Prix Nobel 2008 de médecine, le Pr Luc Montagnier, chercheur français, s’ouvre sur les progrès envisagés pour contrer le fléau. Vous avez situé la mise en place d’un vaccin contre le Sida dans les décennies à venir. Cette réponse ne paraît pas très rassurante. Que peut-on dire aujourd’hui, concernant la découverte de ce vaccin ?

Il faut bien distinguer le vaccin thérapeutique du vaccin préventif. Pour le vaccin préventif, je ne peux pas donner de date ; ce n’est pas possible. Les essais qui ont été faits par différents groupes, notamment de grandes compagnies pharmaceutiques, ont échoué. Donc il y a actuellement une réflexion des chercheurs pour trouver de nouvelles solutions. Ma position personnelle est qu’il faut d’abord commencer par un vaccin thérapeutique avant de penser à un vaccin préventif.

Pourquoi?

Parce que c’est beaucoup plus facile à tester. Et en plus, on peut obtenir des résultats dans un temps beaucoup plus court.

A quand peut-on espérer la mise à disposition de ce vaccin thérapeutique?

On peut parler de trois à quatre ans. C’est un délai qui prend en compte les essais cliniques de phases 1 et 2. Bien sûr, il y a la phase 3. Déjà à la phase 2, on peut avoir des résultats qui font penser qu’il est possible de lancer ce vaccin.

Aujourd’hui, à quelle phase sont les essais?

Pour l’instant, en ce qui me concerne, ce sont essentiellement des essais pré-cliniques. Nous ne sommes pas encore passés à la phase clinique. Donc c’est un projet d’au moins 3 à 4 ans.

Cela dit, pourquoi un vaccin thérapeutique ? C’est pour éradiquer les infections.
Ndlr (lundi et mardi), on a beaucoup parlé du fait qu’il y a des traitements, mais que ceux-ci sont lourds, toxiques parce qu’on les donne tous les jours. Donc il y a des intolérances qui apparaissent à long terme. En plus, on note également la résistance du virus, et ces traitements coûtent très cher, même s’ils sont donnés grâce aux aides internationales. Donc le but, c’est de pouvoir se passer un jour de ces traitements. Ainsi, on passe à une stimulation immunitaire contre le virus, puisque la nature nous montre qu’il y a des gens qui résistent non pas à l’infection, mais aux effets de l’infection et de la maladie. Il y a des gens qui sont infectés, mais qui ne sont pas malades, un peu comme les chimpanzés qui sont infectés par un virus proche, et qui ne sont jamais malades. Ce que la nature fait, c’est l’assurance d’un repère. Il faut d’abord commencer par la trithérapie. D’abord pour pouvoir immuniser. Ça n’a pas de sens, commencer par le vaccin dès le départ. Il faut d’abord commencer par la trithérapie, et un jour, prendre le risque de l’arrêter, de vacciner, et bien sûr, si le vaccin ne marche pas, on peut toujours revenir à la trithérapie.

Vous avez affirmé hier que bien que n’ayant plus le vih dans leur sang, certaines personnes voient leur système immunitaire rester défaillant. Qu’est-ce qui explique cette situation?

Ces personnes sont toujours infectées. Cependant, même si le virus a disparu du sang, il continue tout de même de se cacher dans des organes, les tissus d’où il peut encore repartir dès qu’on arrête le traitement. C’est ce qu’on appelle le « réservoir » du virus. Et, bien sûr, le but de la recherche, c’est d’analyser ce réservoir et de trouver les moyens d’un traitement, pour éliminer totalement le virus ou en tout cas, le rendre moins nuisible pour la personne.

Vous avez parlé de renforcer le système immunitaire par des suppléments nutritionnels...
Renforcer le système immunitaire, c’est lutter d’abord contre le stress oxydant. Nous en avons parlé tout à l’heure, (Ndlr : mardi matin.) Il s’agit d’un phénomène biochimique qui se situe dans nos cellules, notre sang où il y a des molécules qui vont rouiller notre ADN. Ils vont faire des dommages considérables, s’il n’y a pas une défense anti-oxydant. Comme défense anti-oxydant, nous avons des enzymes, nous l’avons aussi dans notre alimentation. Il y a des conséquences, c’est vrai, sur la nutrition. Mais aussi, il faut pouvoir mesurer ce stress oxydant. Pour cela, nous comptons installer des laboratoires, aussi en Afrique, pour faire les mesures de cet oxydant, de façon à rétablir l’équilibre et remonter le système immunitaire qui est affaibli par cet oxydant.

Vous avez installé depuis douze ans environ, un centre de recherche à Abidjan. Où en êtes-vous avec la recherche à ce niveau ?

Le Cirba que nous avons installé effectivement depuis une douzaine d’années s’est beaucoup développé. Des recherches et des essais cliniques sont faits dans l’espoir de trouver des traitements complémentaires qui vont remonter le système immunitaire des patients.

Quels résultats avez-vous obtenus?

Je ne peux pas dévoiler trop de choses. Les résultats ne sont pas encore publiés.

Oui, mais sont-ils encourageants ? Oui ils le sont.

Les tradithérapeutes africains auraient la capacité de maintenir certaines personnes infectées en bonne santé. Qu’en pensez-vous ? Et quelle collaboration envisagez-vous avec ces praticiens ?

Je pense qu’il faut être ouvert. Puisqu’il y a l’expérience de l’homme qui date de plusieurs siècles. En Afrique, il y a énormément de plantes qui peuvent avoir des effets anti-oxydants ou anti-viraux. Donc je suis ouvert, mais je pense que ces produits doivent suivre les mêmes règles que les médicaments. C'est-à-dire que le produit soit bien défini, que la personne qui le fabrique donne sa composition, bien sûr qu’il soit protégé pour une question de confidentialité; et qu’on fasse donc des essais cliniques afin de connaître sa toxicité et son efficacité. C’est très long et ça coûte cher, mais c’est la seule manière de valider ces préparations.

Vous avez affirmé que la recherche se fait au Nord et les malades sont en Afrique. Qu’est-ce qui explique aujourd’hui le fait que ce continent soit celui où la situation reste complexe, et que le nombre de malades augmente plutôt que de baisser ?

Il y a des conditions sociales telles que la pauvreté et le manque d’hygiène qui favorisent la transmission du virus. Mais, je pense qu’il y a aussi des facteurs biologiques qui augmentent la transmission du virus, notamment chez les femmes. La majorité des personnes infectées en Afrique sont des femmes. Il y a probablement des co-infections. Toute co-infection va favoriser le virus. D’ailleurs, dans des essais de certains vaccins américains, on a utilisé un virus vecteur. Il y a eu une infection. Mais il a augmenté l’infection au virus du Sida chez les personnes vaccinées. Faisons donc très attention. En Afrique, je crois qu’on pouvait diminuer aussi la transmission par l’éducation génitale, l’hygiène sexuelle et génitale, l’alimentation plus riche en anti-oxydant, en traitant toutes les co-infections. Je crois qu’avec ces trois mesures qui ne sont pas spectaculaires, mais qui sont moins coûteuses, on pourrait diminuer la transmission du virus, en attendant un vaccin.

La confidentialité et l’éthique, ces questions complexes, ne sont-elles pas des freins à tous ces efforts déployés en termes de recherche et de traitement ?

Peut-être. Mais il faut quand même respecter les règles de protection de l’individu. C’est clair qu’on a besoin de dépister plusieurs personnes, justement pour responsabiliser les gens. Quelqu’un qui se sait infecté ne se comporte pas de la même façon que celui qui ne le sait pas. En plus, il a accès aux traitements.

Justement, en Afrique, c’est l’un des problèmes. Certaines personnes se savent malades, mais la question de la confidentialité fait que leurs conjoints à la maison ne sont pas informés ?

Je le sais. Cela pose des problèmes dans leur famille, dans leur travail. La seule solution, qui est à long terme, c’est de démystifier le Sida ; le considérer comme toute autre maladie afin qu’il ne soit plus un sujet de discrimination. Et que le dépistage soit systématiquement accompagné d’un suivi, d’une prise en charge, d’un traitement. Même si ce n’est pas pour tout de suite, les traitements chimiques sont très efficaces, mais très lourds. Ils sont toxiques parfois. Il faut donc trouver des traitements intermédiaires. Et là peut-être, les traitements par les plantes africaines peuvent avoir leur place.

Qu’est-ce que la conférence d’Abidjan a préconisé au-delà du Cirba? Qu’est-ce que la recherche entend faire sur le continent africain de façon spécifique pour les années qui viennent ?

Je ne peux pas parler pour tous. Mais je pense qu’il y a une recherche vivante. Cette réunion rassemble des scientifiques, des chercheurs, des médecins de toute la région, non seulement de l’Afrique de l’ouest mais de l’Afrique centrale également. Il y aura, je pense, une conférence plus grande à Dakar, au mois de décembre. Donc la recherche n’est pas seulement qu’au Nord. Il y a aussi de la recherche au Sud. Les souches virales ne sont pas les mêmes. Au Sud se font des recherches adaptées à ces souches virales, et adaptées aux problèmes qui se posent à l’Afrique. Car les pays africains sont des pays où les taux de prévalence du virus sont très élevés. Alors qu’au Nord, on a actuellement 0,1, voire 0,2 % au Sud, et particulièrement en Côte d’Ivoire, c’est presque 5 %. L’attitude de la recherche mais aussi des pouvoirs politiques est aussi déterminante.

Cela fait maintenant 25 ans que vous avez commencé la recherche. Aujourd’hui vous êtes Prix Nobel au moment où vous êtes hors de la France, précisément en terre ivoirienne. Quel est votre sentiment?

Je trouve symbolique le fait que j’apprenne cette récompense en terre ivoirienne, en plein travail. Je suis content, sachant quand même qu’on a tellement de choses à faire ici qu’on devrait être satisfait.

Des voix s’élèvent au sein de vos confrères qui estiment que ce résultat est le travail de toute une équipe, mais que vous en tirez seuls profits, votre consoeur et vous ?

Oui, le Prix Nobel, c’est régulièrement trois personnes. On ne peut pas satisfaire tout le monde. Je regrette effectivement car il y a d’autres personnes de l’équipe qui auraient pu le recevoir, et puis nos collègues américains aussi.

Interview réalisée par Josette Barry et Marcelline Gneproust

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