Après une série de drames survenus dans les hôpitaux, le ministère de la Santé a entrepris de faire un diagnostic des structures sanitaires. C'est une prise de conscience salutaire. Venus de 15 structures sanitaires pilotes, des agents de santé se sont réunis à Saly pour faire le suivi-évaluation du système de gestion en santé et sécurité au travail. Avec les événements tragiques survenus à Linguère, Tivaouane et Louga, il était temps que les acteurs fassent le diagnostic de la situation.

Bara Diop, chef de division à la Direction des ressources humaines au ministère de la Santé et de l'action sociale, assure que ce suivi-évaluation vise à améliorer les conditions de travail. «Que les agents de santé puissent travailler en toute sécurité, que ce soit dans les postes de santé, les centres de santé, les centres hospitaliers et cliniques. Nous avons formé beaucoup d'acteurs qui sont au niveau de 4 structures de santé. Maintenant, nous allons dans l'avenir, dans la mesure du possible, nous doter de comités d'hygiène et de sécurité pour éviter et prévenir toutes ces difficultés qui nous arrivent très souvent dans les structures hospitalières», assène Bara Diop.

Pour lui, ces agents doivent travailler dans la sécurité et la convivialité au niveau des structures sanitaires. «Vous n'êtes pas sans savoir qu'avec le Covid-19, le personnel a payé un lourd tribut. Plus de 100 agents avaient été contaminés à travers le territoire national, sans compter les agents de surface. Et quelques-uns ont perdu la vie. C'est extrêmement douloureux», dit-il. Ce qui a poussé le ministère de la Santé à prendre toutes les dispositions «nécessaires parce qu'il y aura toujours des épidémies». «Il faudra toujours créer un dispositif et nous rendre résilients. Nous ferons toujours face au danger, c'est pourquoi aujourd'hui, nous avons engagé ce processus de formation et de mise à disposition de toutes ces structures sanitaires, de dispositifs qui puissent permettre d'être plus résilients face aux dangers qui nous guettent», clarifie le chef de division à la Direction des ressources humaines au ministère de la Santé et de l'action sociale.

En écho, Dr Joseph Dieuboue, spécialiste technique en charge des questions de sécurité, santé et travail au sein de l'Equipe d'appui au travail décent du Bureau international du travail de Dakar, rappelle que la survenue du Covid-19 a permis de révéler au grand jour les déficits du secteur de la santé dans l'ensemble des pays. En même temps, elle a permis de situer les opportunités pour pouvoir améliorer la qualité de la sécurité au travail dans le secteur de la santé, éprouvé par la pandémie. «C'est pourquoi le Bureau international travaille en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé et le ministère chargé du Travail et celui en charge de la Santé, pour développer le système de gestion de la sécurité et la santé au travail dans le secteur de la santé», détaille Dr Joseph Dieuboue.

Dans son discours, il rappelle la mise en place d'un système de gestion de la sécurité et la santé au travail, développé à travers une démarche conjointe entre l'Oit-Oms, adopté depuis 2015, appelé la démarche Health wise. «C'est une démarche participative peu onéreuse intégrée au système d'exploitation d'une structure de manière progressive pour permettre l'amélioration des conditions de travail du personnel, mais aussi pour aboutir à une amélioration de l'offre de soins à la population. C'est pour cela que notre bureau appuie le pays dans la mise en place de ce système de gestion de la sécurité et la santé au travail qui permettra de promouvoir l'amélioration continue des conditions de travail dans ce secteur hautement sensible», rappelle Dr Dieuboue.

Système de gestion

Malgré les derniers évènements dramatiques, les résultats de l'étude, réalisée dans les 15 structures sanitaires pilotes l'année dernière, sont assez satisfaisants. «Les structures sanitaires concernées se sont engagées et ont mis en place des systèmes de gestion de la sécurité et la santé au travail, avec notamment ceux qui ont adopté des politiques, des comités de sécurité-santé au travail. Elles ont également adopté un plan d'actions pour pouvoir corriger le processus d'amélioration des conditions de travail. Les participants se sont engagés à mettre en œuvre les huit engagements de Saly pour promouvoir et pérenniser l'amélioration des conditions de travail dans leur secteur», renseigne Dr Joseph Dieuboue.

Pour une mise en œuvre de ce système de gestion, ces structures sanitaires sont invitées à faire l'état des lieux de chaque structure pour permettre d'identifier les différents problèmes en lien avec la sécurité, mais aussi avec la santé des travailleurs. Après l'état des lieux, les problèmes identifiés feront l'objet d'un plan d'actions. «Parmi ces problèmes, on peut évoquer les troubles musculo-squelettiques relevés dans le secteur de la santé, les risques biologiques, notamment le Covid. On peut aussi évoquer les risques radiologues, les problèmes psycho-sociaux, qui comprennent le stress, la violence et le harcèlement en milieu de travail. Ce sont des choses qui ne sont pas spécifiques au milieu de la santé, mais à tous les secteurs de l'économie nationale, pas seulement au Sénégal mais aussi dans tous les pays», clarifie le fonctionnaire international.

Alioune Badara CISS

Lire l'article original