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Vaccination des enfants : encore des poches de résistance

Le soleil | Sénégal | 20/07/2008 | Lire l'article original

Malgré l’efficacité des vaccins dans la prévention des maladies infantiles, des poches de résistance existent. Certaines familles n’ont pas encore intégré cette pratique dans leurs habitudes. L’entrée d’une maison à Pikine Guinaw rail Sud offre un visage triste. Des ustensiles sont éparpillés ça et là. A l’intérieur, bourdonnent des mouches. De l’autre côté, près des toilettes, des bassines sont remplies d’eaux usées.

Une odeur nauséabonde dégage d’un seau rempli d’ordures ménagères. Dans cette maison, toutes les conditions d’explosion d’une maladie sont réunies. Malheureusement, il est interdit de parler de vaccination. Dès que la question est abordée, Kiné Guèye, la maîtresse des lieux, âgée d’une soixantaine d’années réagit froidement, manifestant ainsi sa non-adhésion à la vaccination. Et lorsque nous lui avons posé la question de savoir si ses petits-fils qui l’entourent ont déjà terminé leurs vaccins dans le cadre du Programme élargi de vaccination, elle répond : « Notre marabout nous interdit de vacciner nos enfants. Il est notre guide. D’ailleurs, ces enfants que vous voyez, ne sont atteints d’aucune maladie transmissible ».

Arame Diouf, va plus loin en déclarant : « Je n’accepterai jamais les vaccins. Nos marabouts ont raison de nous déconseiller une telle pratique. A mon avis, ce sont les Occidentaux qui veulent arrêter la fertilité des futures générations à travers la vaccination ».

Pourtant, selon l’Oms, trois millions de cas d’infections tuent de nombreux enfants de moins de cinq ans. Ces infections telles que la méningite et la pneumonie sont causées par des antigènes. 40% des enfants d’Afrique âgés de zéro à cinq ans, affectés par ces pathologies, succombent dans les pays en développement.

Au Sénégal, depuis le démarrage du Programme élargi de vaccination (Pev), des vaccins comme le Pentavalent ont été introduits. C’est un vaccin que doit prendre l’enfant 45 jours après sa naissance. Celui-ci le protège contre l’Hépatite B, le tétanos, la diphtérie, l’infection à hémophilus et la coqueluche. Pour que l’enfant soit à l’abri de toute maladie, il doit être vacciné contre la rougeole et la fièvre jaune neuf mois après sa naissance. Cependant, des enfants restent jusqu’à 15 mois avant de terminer leurs vaccins.

Pour Mme Guèye Fatime Diagne, le vaccin doit être privilégié d’abord chez la femme enceinte. Car, c’est un paradoxe de vouloir protéger la santé de l’enfant et laisser celle de la maman. Installée à la tête du Programme élargi de vaccination depuis 2000, Mme Sarr Rachelle Diandy soutient que l’Etat doit mettre en place une nouvelle stratégie de communication pour mieux atteindre les cibles. « Malgré les efforts de l’Etat, il existe encore des poches de résistance. Je crois qu’il est temps que les autorités sanitaires pensent à la création d’émissions télévisées sur la vaccination ».

Embouchant la même trompette, Rokhaya Diop déclare que l’Etat a beaucoup à faire dans ce sens, surtout que la vaccination connaît une évolution en dents-de-scie dans certaines localités. Elle ajoute que cette situation peut être liée à la pauvreté. « Vous savez, le Sénégal, ce n’est pas seulement la capitale. Et pour que le programme réussisse, il faut prendre en compte les réalités de la banlieue et des régions ». Le préalable, selon Rokhaya Diop, c’est d’être proche des populations, de combattre l’analphabétisme qui empêche la plupart des femmes de lire ou d’écouter la radio.

Aujourd’hui, après le doute qui entoure le vaccin du goutte-à-goute, les autorités sanitaires, par la voix du Dr El Hadj Mamadou Ndiaye, soutiennent que c’est de la spéculation pure et simple de vouloir douter de ce vaccin. Il rappelle que depuis l’introduction du Programme élargi de vaccination au Sénégal en 1970, les résultats augmentent d’année en année. « Maintenant, s’il existe encore des poches de résistance, ce n’est pas de notre faute ».

Tata SANE

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