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Sidwaya | Burkina Faso | 24/10/2006 | Lire l'article original
Sidwaya (S). : Quel est le processus de recherche du vaccin anti-Sida ?
Jacques Simporé (J.S.) : Le processus de recherche du vaccin anti-VIH/Sida a commencé depuis longtemps. Depuis près de neuf (9) ans. Après la découverte du virus du Sida, les professeurs Luc Montagnier et Robert Gallo se disputaient sa paternité, chacun se réclamant le premier. Ils se sont disputés pendant longtemps cette paternité. Fort heureusement, un ami de l'Université de Rome Tor Vergada Vittorio Collizi les a réconciliés.
C'est à partir de ce moment que nous avons eu l'idée de travailler pour un vaccin thérapeutique contre le Sida. Le premier pas était de faire la recherche fondamentale, c'est-à-dire étudier le virus lui-même, parce qu'il mute beaucoup, changeant fréquemment. Mais il comporte des parties où il ne peut pas changer. Il y a des parties dans ses gènes où il ne change pas. Donc, nous avons pris les parties où il ne change pas comme base de nos travaux, étant donné que ces parties constituant le dénominateur commun à tous les virus, du moins pour le VIH1.
Il ne suffit pas seulement de voir les gènes du virus. Il faut l'étudier aussi en fonction de l'homme. Quand il y a une épidémie de rougeole par exemple dans une localité, certaines personnes en meurent, d'autres en souffrent beaucoup et une partie s'en sort à bon compte. Pour dire qu'il y a des petites variations au niveau du système immunitaire des hommes, appelées polymorphismes. Ces polymorphismes sont gouvernés par un système qu'on appelle HLA (Human Leucocyte antigène en anglais et en français Leucocyte antigène humain).
Il faut d'abord faire une corrélation entre le background du système HLA avec la variabilité génétique. A partir de là nous avons fait ce qu'on appelle l'immuno-génétique reverse. Il est bon de savoir que Mendel (chercheur botaniste autrichien du XIXe siècle) et les autres avaient fait une génétique en partant des protéines pour remonter aux gènes. Maintenant, nous partons des gènes pour remonter à la protéine. Mendel et les autres ne pouvant pas le faire parce qu'à leur époque, il n'existait pas la biologie moléculaire. Actuellement nous, nous pouvons le faire parce que nous sommes à l'heure de la biologie moléculaire. Nous partons des séquences pour remonter aux protéines, les synthétiser pour présenter ce qu'on a obtenu au système immunitaire. Ce cocktail obtenu s'appelle peptides. Si le système immunitaire reconnaît ces peptides, il s'active et produit l'interférone, l'interlequine, etc.
C'est vraiment la défense immunitaire qui est ainsi amorcée. Nous sommes arrivés à synthétiser les peptides qui ont été internationalement brevetés. Nous avons déjà fait des essais in vitro, après sur des souris, ensuite sur des grands singes comme le macaque et ça fonctionne. Maintenant, le pas qu'on devrait faire est de faire immunostimulation et l'immunomodulation au Burkina Faso. Les essais ont fonctionné aux Etats-Unis et en Europe.
S'ils fonctionnent ici au Burkina Faso, nous allons commencer le vaccin aux Etats-Unis, puis en Europe et enfin, en Afrique, précisément au Burkina Faso. Ceci pour éviter que les mauvaises langues ne disent qu'on a pris les Africains comme cobayes. Ce qui n'est pas juste. Voilà pourquoi nous tenons à commencer par les Etats-Unis pour après, atteindre l'Afrique.
S. : A quand le premier vaccin ?
J.S. : Pas moins de trois ans.
S. : Le vaccin sera-t-il curatif ou préventif ?
J.S. : Il sera curatif, thérapeutique. On espère que si cet aspect fonctionne, nous allons l'utiliser pour faire un vaccin préventif.
S. : Pensez-vous que la découverte du vaccin ne va pas poser un problème de leadership ?
J.S. : La recherche du vaccin est subventionnée par l'UNESCO, donc les Nations unies. Plusieurs pays participent à cette recherche. Pratiquement, il ne devrait pas avoir des couacs dans ce sens. Nous, nous travaillons pour toute l'humanité.
Par Charles OUEDRAOGO et Boureima SANGA
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