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Médicaments illicites : le monstre reste insaisissable

Le Faso | Burkina Faso | 01/02/2012 | Lire l'article original

Les transactions de toutes sortes liées au trafic des médicaments prohibés sont, de toute évidence, florissantes au pays des hommes intègres. Ces produits illicites font l’objet d’importations/ventes massives sur toute l’étendue du territoire national, et c’est peu de le dire. D’un côté, il y a les importateurs qui sont généralement invisibles, et de l’autre, les détaillants ou les vendeurs ambulants qui ne s’en cachent pas. Après toutes ces années de lutte contre ce que d’aucuns qualifient d’« assassins silencieux », des questions fondamentales subsistent qui doivent trouver réponse. La volonté politique se manifeste-elle suffisamment ? A qui profite véritablement ce trafic...

Sont dits médicaments du marché parallèle (informel) les médicaments contrefaits, mal faits, faux, ou tout simplement les médicaments non inscrits sur la liste nationale des médicaments et aussi des médicaments du circuit officiel. Pour l’OMS, « Un médicament contrefait est un produit qui est délibérément et frauduleusement mal étiqueté avec le respect d’identité et/ou de sa source. La contrefaçon peut s’appliquer aux produits de marque comme aux produits génériques et peut être constituée d’ingrédients corrects ou différents, sans principe actif ou en quantité insuffisante ou encore avoir un mauvais conditionnement ». Dans la quasi-totalité des affaires concluantes relatives à la lutte contre le trafic des produits médicaux prohibés ou médicaments illicites, la collaboration des populations s’est toujours révélée indispensable. Leurs dénonciations et leurs plaintes ont chaque fois mis les services de sécurité ou de contrôle sur les bonnes pistes.

Normal, dira-ton. Car les premières victimes de ce commerce hors circuit pharmaceutique (donc non autorisé et non reconnu) sont encore ces mêmes populations, parmi lesquelles on compte d’abord des populations pauvres, ensuite des populations analphabètes riches ou à revenu intermédiaire, et enfin des personnes aisées et des intellectuels. Victimes mais aussi responsables quelque part des méfaits de ces médicaments. Responsables pour avoir seulement une fois ou maintes fois décidé d’emprunter ce raccourci malheureux, dans le seul but de se soigner. Se soigner tout en mettant en danger leur santé. Si la majeure partie des consommateurs des produits médicaux prohibés semble informée de ce que ces médicaments sont nuisibles, il faut reconnaître aussi que malgré les multiples campagnes de sensibilisation, il est toujours des gens qui sont soit mal informés soit non assez sensibilisés.

Une lutte timorée au Burkina Faso

Selon les conclusions d’un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), datant de 2009, l’Afrique de l’Ouest serait devenue une plaque tournante de nombreux trafics dont celui des faux médicaments. C’est dans ce sens que les représentants des quinze pays de la CEDEAO ont pris part à une table ronde sur les faux médicaments en Afrique de l’Ouest, à Ouagadougou du 27 au 29 septembre 2011, avec pour but d’élaborer une stratégie de lutte transfrontalière. A l’échelle du Burkina Faso, la lutte contre les faux médicaments se mène avec à l’affiche quelques résultats satisfaisants tels les saisies fréquentes de plusieurs tonnes de ces produits, et l’interpellation suivie de poursuites judiciaires à l’encontre des présumés responsables. Bien que cette lutte soit manifeste, elle reste pour l’instant loin des attentes. Le moins que l’on puisse affirmer est que ces prises ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Les racines du fléau semblent inaccessibles ou intouchables. Ce qui laisse penser que la volonté politique tant clamée n’est pas franche ou ne s’exprime pas suffisamment contre les magnats du trafic tout court.

La plupart du temps, ce sont les petits vendeurs ambulants ou fixes qui sont inquiétés. Et on est en droit de se demander où se terrent les vrais faiseurs de mort et qui ils sont. Une réelle volonté politique peut faire en sorte de réduire considérablement la circulation des faux médicaments au Burkina Faso.

Ce qu’il convient de faire

L’autorité de l’Etat doit se faire valoir durement contre un phénomène aussi nuisible que le trafic de médicaments illicites. Le Burkina Faso est doté d’une législation et des mesures dissuasives pour contrer le marché des faux médicaments, mais au regard des résultats atteints à ce jour, il convient de revoir les choses en adaptant (et en appliquant) ce dispositif législatif au contexte actuel en vue de le rendre plus efficace contre les premiers et vrais responsables de ce commerce frauduleux. En général, la sensibilisation, la répression, la reconversion (des faussaires vers des activités licites), et la multiplication des médicaments génériques de faible prix dans les structures publiques constituent des solutions pour réduire, voire éradiquer le trafic de faux médicaments. Le problème du marché parallèle est véritablement une préoccupation multisectorielle et doit être jugulé comme tel.

Au niveau des professionnels des médicaments (pharmaciens), la sensibilisation doit se poursuivre auprès des populations et le plaidoyer auprès du gouvernement sur les problèmes suscités par les faux médicaments. Le Ministère de la santé doit constamment veiller notamment à l’application des dispositions réglementaires de l’article 183 du code de santé publique qui interdit la distribution des médicaments dans la rue. Le Ministère de l’économie et des finances à travers la direction générale de la douane doit redoubler de vigilance dans le contrôle des produits importés. Un défi majeur pour la nouvelle direction douanière serait sans doute de s’attaquer à bras le corps du problème des médicaments prohibés. La Ligue des consommateurs du Burkina ainsi que les associations doivent intensifier les actions de sensibilisation pour amener les populations à fréquenter les formations sanitaires.

Le marché parallèle, une question de gros sous

Selon l’Organisation mondiale des douanes, le marché parallèle de médicaments aurait augmenté de 300% entre 2007 et 2008, et rapporterait 50 milliards d’euros par an. « Le trafic de faux médicaments est le premier en termes de rentabilité. Si vous y investissez 1.000 F CFA, vous en gagnez 450.000 F CFA », disait un expert Interpol, Esaie Ovono. La volonté affichée : se faire de l’argent. L’on se rappelle que la dernière action médiatique de la Police nationale au sujet de la lutte contre les faux médicaments a consisté au démantèlement entre autres de trois magasins de faux produits d’environ 3,5 tonnes et estimés à près de 27 millions de F CFA. C’était le 6 janvier dernier dans la zone commerciale du grand marché de Ouagadougou. A l’occasion, deux autres magasins contenant aussi des produits prohibés ont également pu être démantelés. Pendant ce temps, les vendeurs ambulants continuent de faire leur commerce, et même en pleine Capitale, au vu et au su de tous, de nuit comme de jour. Si pour un des responsables de la Police, il s’agit de plus en plus d’attaquer le mal à la racine en traquant les importateurs, on pourrait à juste titre dire qu’on n’arrange pas la situation ainsi.

La lutte devrait être gagnée sur plusieurs fronts, non seulement contre les importateurs mais aussi contre les commerçants ambulants. S’attaquer spécifiquement aux premiers reviendrait à tolérer la consommation des stocks de médicaments déjà entrés. Les risques liés à la consommation des faux médicaments Les faux médicaments constituent un fléau dont les conséquences sur la santé publique sont graves, voire dramatiques. « Ce trafic odieux est responsable de milliers de morts dans les pays en voie de développement », déplorait le Pr. Marc Gentilini, délégué général de la Fondation Chirac. De l’avis du Dr. Laopan Jean Paré, président de l’Ordre des pharmaciens du Burkina, les médicaments de la rue constituent un réel danger pour la santé des populations ; en termes de conséquences, ces produits peuvent entraîner chez leurs utilisateurs, par exemple des intoxications aiguës ou chroniques, des résistances acquises, des cécités, des malformations congénitales. Dans sa thèse de doctorat en Pharmacie, Hamado SAOUADOGO fait ressortir que les dangers des médicaments issus du marché parallèle sont liés à leurs manipulations (mauvaises conditions de stockages, mauvaises conditions de transport, mauvaises conditions de conservation, conditions de vente, mauvaises conditions d’utilisation (les consommateurs utilisent les médicaments à volonté. Quelques exemples de problèmes causés par la consommation de faux médicaments : en 1995 au Niger, des vaccins frelatés contre une épidémie de méningite causent 2500 victimes, a rapporté la Fondation Chirac.

Au Bénin, « la moitié des dialysés à vie le sont pour avoir pris des antipaludéens ou des antibiotiques qui contenaient de la chaux », a confié Philippe Bernagou, en charge de ce dossier au sein de la Fondation Pierre Fabre. En juillet 2009, un faux sirop au paracétamol a tué 24 enfants au Bangladesh. 300 morts au Panama en 2006 à la suite de l’utilisation d’un excipient contrefait. Près de 100 bébés sont décédés au Nigeria en 2008, après avoir absorbé du faux sirop de paracétamol… Au-delà du plan sanitaire, les médicaments illicites freinent le développement socio-économique et institutionnel des pays.

Quelques causes de ce trafic « juteux »

Parmi les causes de la prolifération des médicaments illicites, on retient généralement, l’analphabétisme, l’ignorance ou l’insuffisance d’informations sur les méfaits de ces médicaments, la pauvreté, le coût élevé des médicaments dans les officines (pharmacies), l’insuffisance de médicaments génériques à moindre coût (quand ils existent ils ne sont pas forcément prescrits par les médecins), l’inexistence d’assurance maladie dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, la puissance du marché informel (proximité et moindre coût). Dr. Paré estime que l’idée selon laquelle les médicaments coûtent moins cher dans la rue qu’en pharmacie n’est plus d’actualité avec l’arrivée des génériques ; ce sont plutôt les spécialités qui sont souvent chères en pharmacie. Selon l’OMS, près de 200 000 vies pourraient être sauvées chaque année s’il n’y avait pas de faux médicaments. Faisons en sorte qu’aucune vie ne s’éteigne du fait des faux médicaments et du fait que nous n’ayons pas joué franc jeu. Evitons au Burkina Faso de continuer d’être un dépotoir de produits nuisibles.

Sources d’approvisionnement des vendeurs

Les médicaments vendus dans le marché parallèle sont de plusieurs provenances :

  • des médicaments de dons venant généralement d’Europe,
  • des médicaments des officines pharmaceutiques sans aucune indication des raisons et les sources de la provenance,
  • des médicaments des officines pharmaceutiques restants après une prise en charge d’un malade guéri ou décédé,
  • des échantillons médicaux gratuits de laboratoires pharmaceutiques,
  • des médicaments des officines pharmaceutiques obtenus avec la complicité des vendeurs dans ces établissements,
  • des médicaments contrefaits et de mauvaise qualité. Source : Hamado SAOUADOGO, Etude des risques de santé liés à l’utilisation des médicaments vendus sur le marché informel à Ouagadougou (Burkina Faso), thèse de doctorat en Pharmacie, juillet 2003, Burkina Faso.

Hermann GOUMBRI

Le Progrès

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