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Les dépêches de Brazzaville | Congo-Brazzaville | 03/12/2012 | Lire l'article original
Mais, ainsi que le monde en fait le constat chaque année à la date du 1er décembre, la communauté des chercheurs, les laboratoires, les centres d'expérimentation sont également engagés dans une course éperdue. C'est à qui découvrira le premier médicament « soignant », à qui annoncera la mise au point indiscutable du premier vaccin préventif ou curatif. D'un peu partout dans le monde, des expériences ont été menées ; elles se sont souvent résumées en un feu de paille qui n'est pas allé plus loin que l'espoir qu'elles ont suscité. Tous les continents ont eu ainsi leur lot d'espoir-échec.
En Afrique, plus précisément en République démocratique du Congo, on se souviendra de l'euphorie suscitée par l'annonce de la découverte du Pr. Luruma, en 1986. Avec un médecin égyptien, l'immunologue congolais affirmait avoir mis au point deux médicaments curatifs, le MM1 et le MM2 (pour Mobutu-Moubarak 1 et 2 !) qui induisaient une remontée du taux d'immunité dans le corps des malades atteints du sida. Pourtant les démonstrations ultérieures, les invitations à aller soutenir la trouvaille au siège de l'Organisation de l'Unité africaine et dans les forums internationaux de la communauté des savants, s'avérèrent vaines.
Vaccin italien basé sur le TAT
Entre charlatans, démagogues et affairistes de tous genres, le sida a suscité bien des vocations dans le monde. Un reportage, dimanche 2 décembre sur la chaîne francophone TV5, a donné à voir l'étendue de cette industrie du faux dans des pays comme le Bénin, le Nigéria, le Burkina Faso ou le Mali. Mais l'Afrique de l'Ouest n'est pas seule. Sur les marchés de Harare, au Zimbabwe, ou de Lusaka en Zambie, il ne serait pas bien difficile de trouver aujourd'hui une potion supposée guérir de tous les maux, y compris le sida ! L'expérience italienne, elle, partait sur une base autrement plus solide.
Conduite sur un échantillon de malades aussi bien en Italie qu'en Afrique (Afrique du Sud), l'expérimentation d'un vaccin a été conduite en respectant les scrupules d'une recherche appelée à combattre, ce qui, avec le cancer, constitue la maladie mondiale la plus redoutable. Elle ne devait donc pas donner lieu à contestations. C'est le Dr Barbara Ensoli, virologue de l'Institut supérieur italien de santé qui, avec son équipe, a mis au point dans les années 1990 ce qui a été présenté (même dans ces colonnes) comme « le vaccin thérapeutique italien » contre le sida. La presse italienne soutenait que la protéine TAT de ce vaccin, suscitait une réponse immunitaire efficace et réduisait dans le corps des malades les altérations induites par le sida.
Les tests semblaient concluants il y a trois ans, même si les chercheurs italiens se donnaient encore un peu de temps pour bien affiner tous les paramètres. Apparemment, ce temps a également été mis à profit par quelques sceptiques pour le « contre-essayer ». Et, volonté de nuire ou souci de bien faire, leurs résultats sont parus ce 1er décembre dans un livre au titre on ne peut plus décapant : « Sida : le scandale du vaccin italien ». Les auteurs, Vittorio Agnoletto et Carlo Gretti, y descendent littéralement en flamme le vaccin présenté comme ayant reposé sur une série de données scientifiques qui suscitent le doute.
Après l'enthousiasme des premiers jours, affirment les deux auteurs, les premières interrogations et des invraisemblances ont commencé à donner l'impression que les données avaient été manipulées pour « forcer » les résultats. Irrégularités, déviations de protocole seraient également apparues par la suite, même si ce candidat-vaccin a joui des aides massives du gouvernement italien et de l'appui de la mairie de Rome. Il s'agit là, concluent les auteurs, d'un ensemble d'indications qui jettent de l'ombre sur toute l'expérience menée, présentée à coups de trompettes.
Que faut-il en penser ? La science peut se constituer sa propre antidote. Ainsi, des commentateurs ont-ils relevé que ce livre pourrait être le fruit de personnes animées par la jalousie ; des adversaires politiques mêmes (le Dr Agnoletto est député communiste européen). Certains citent pour preuve le fait que l'ouvrage remette en cause les trop importantes quantités d'argent en faveur de l'équipe du Dr. Ensoli, ou même l'inquiétude qu'il soulève sur le sort des « cobayes » sud-africains de cette expérience. On raconte qu'au 19e siècle une sommité comme Louis Pasteur fut combattu pour ses découvertes, y compris par d'autres sommités tel Georges Clémenceau (alors journaliste). Sans doute faut-il attendre et voir les résultats pour se faire une idée sur une découverte scientifique.
Lucien Mpama
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