Autour du Pr. Fru Angwafor III, Secrétaire général du ministère de la Santé publique, les acteurs du sous-programme sont réunis pour évaluer la mise en œuvre des activités pour l’année qui s’achève. Directeurs du Minsanté, délégués provinciaux, chefs de districts de santé, experts de l’UNFPA et partenaires des ONG sont assis autour de la même table pour faire le bilan.

Concrètement, les travaux de Kribi se déroulent en deux grandes phases : d’abord, la revue du rapport annuel. Ensuite, l’évaluation de la stratégie nationale de lutte contre les fistules obstétricales, une complication de l’accouchement décelée, il y a deux ans, dans les trois provinces septentrionales du pays. La première phase consistait à analyser le niveau d’exécution des activités programmées pour 2006 en identifiant les difficultés rencontrées. Les experts répartis en trois groupes de travail avaient également pour tâche de formuler des recommandations conséquentes et de proposer des activités pour le plan d’action 2007.

Mais le sujet le plus préoccupant au sein du sous-programme Santé de la reproduction reste la question de l’éradication des fistules obstétricales. La rencontre de Kribi sert donc aussi à finaliser la stratégie nationale de lutte contre ce véritable fléau social. Le problème avait déjà été mis en lumière l’année dernière par le Dr Djibrilla Kaou, directeur de la Santé familiale du Minsanté. Le même est revenu à la charge mercredi, dans un exposé qui a situé le problème dans le contexte actuel. Et la réalité est triste : dans le grand Nord, la plupart des accouchements se font à domicile. 65% des femmes dans l’Adamaoua, 73% dans le Nord et 78% dans l’Extrême Nord donnent la vie sans assistance médicale.

D’après le Dr Djibrilla, " cette situation n’est pas propice à la prise en charge des éventuelles complications. " Et l’une de ces complications est cette fameuse fistule, que les spécialistes décrivent comme une malformation causée par la pression prolongée de la tête du bébé contre le bassin en cas d’accouchement prolongé. Résultat : une communication se crée entre le vagin et la vessie, ou entre le vagin et le rectum. La conséquence ? Les victimes deviennent incapables de retenir les urines ou les excréments. Elles souffrent alors d’humiliation et d’isolement parce qu’en permanence, elles dégagent de mauvaises odeurs. Beaucoup sont obligées de vivre cachées, ce qui rend difficile la détection des cas.

Tout cela montre que le problème dépasse largement le cadre médical. Le Cameroun concerné (162 cas identifiés en 2004), s’est intégré dans la campagne mondiale " En finir avec la fistule ", lancée en 2003 par l’UNFPA. Et un premier draft de stratégie nationale 2005-2015 a été élaboré. Le document prévoit de rendre accessibles et disponibles, des soins maternels de qualité à tous les niveaux du système de santé dans 70% des formations sanitaires ; rendre accessibles et disponibles les soins de prise en charge globale des fistules dans les hôpitaux provinciaux du grand Nord d’ici fin 2007. Mais aussi créer un environnement politique et social favorable à la lutte contre le fléau et informer les populations pour une prise de conscience du phénomène. Les travaux qui s’achèvent ce vendredi devraient déboucher sur une stratégie nationale finalisée, prélude aux actions concrètes sur le terrain. Le temps presse.

Yves ATANGA

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