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Revue de presse de santé tropicale

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Personnes agées : Trois conditions pour bien vieillir

Le soleil | Sénégal | 13/07/2006 | Lire l'article original

Les personnes âgées constituent une cible particulière. Pour cette raison, il y a une branche de la médecine qui assure leur prise en charge. Il s’agit de la gérontologie et de la gériatrie qui ont pour vocation de traiter, mais surtout de prévenir les pathologies qui surviennent avec le vieillissement en se référant autant que possible à l’environnement social, culturel ... Et contrairement aux idées reçues, une personne âgée peut réussir son vieillissement en respectant trois conditions : avoir un bon état nutritionnel, un bon maintien de l’activité physique et des contacts sociaux importants.

Il est âgé de 81 ans. Il souffre de diabète, de dysfonctionnement de la fonction auditive (presbyacousie), de cataracte, de glaucome ... Entre autres pathologies nées avec le vieillissement. Et depuis 1979, année à laquelle il est parti à la retraite, il est suivi au Centre médico-social de l’Institut de prévoyance retraite au Sénégal (Ipres). L’une des structures de prise en charge des retraités à côté du Centre de gériatrie et de gérontologie de Ouakam construit en 2003 par la ville de Dakar. Ce dernier accueille au-delà des retraités toutes les personnes âgées, quel que soit leur statut socio-professionnel. Cette personne âgée souffrant de plusieurs maladies a bien besoin d’une prise en charge spécifique.

D’où tout l’intérêt de la gériatrie et de la gérontologie. Des disciplines qui s’intéressent à la cible “ personnes âgées ”. Lesquelles ont des préoccupations particulières par rapport à la population générale.

La gériatrie est définie comme étant la médecine du vieillissement. De la vieillesse. Elle représente chez les personnes âgées ce qu’est la pédiatrie pour les enfants. Beaucoup plus large, la gérontologie englobe la gériatrie et au-delà elle prend en charge les aspects sociaux, culturels et même ceux qui sont relatifs à la vie du retraité.

Pour le docteur Mamadaou Coumé, gériatre-gérontologue, médecin-chef du Centre médico-social de l’Ipres, s’il y a une médecine qui s’occupe des personnes âgées, c’est parce qu’il se pose “ un problème fondamental qui est celui du vieillissement. Lequel est une partie de la vie dont il a d’ailleurs en commun les trois premières lettres à savoir V.I.E ”. Le vieillissement est donc défini comme étant “ un processus qui se déroule durant la vie ”. Les personnes âgées sont, quant à elles, considérées comme celles qui ont un âge supérieur à 65 ans. Cette définition conventionnelle est fournie par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Seulement, “ cela ne veut pas dire que quand on a cet âge, on est une vieille personne ”, précise Dr Coumé. Car le vieillissement est un processus hétérogène. Il y a des facteurs externes qui agissent sur lui. Ce qui veut dire, selon ce spécialiste, que les gens ne vieillissent pas de la même manière.

Évoquant la santé des personnes, Dr Ousseynou Kâ, médecin-chef du Centre de gérontologie et de gériatrie de Ouakam, se référant à une définition donnée par les Canadiens indique : “ La santé des personnes âgées obéit à des critères dont l’indépendance physique, la mobilité physique, la mobilité, l’intégration sociale, l’indépendance économique ”.

Déclin des aptitudes physiques, cognitives, psychiques

Le vieillissement était pendant longtemps associé à un déclin des aptitudes physiques, cognitives, psychiques. Il était inéluctablement associé à des maladies, soutient Dr Coumé. Seulement, précise Dr Ousseynou Kâ : “ Il faut faire la part des choses entre vieillissement et maladies. Ce sont deux choses bien distinctes ”. Ainsi, pour déterminer avec précision comment se déroule le processus du vieillissement, Law et Khan, deux gérontologues américains, ont-ils entrepris des recherches. Parce que “ nous vivons une société de science où l’on ne peut rien affirmer sans preuve ”, explique Dr Coumé Et ces chercheurs ont conclu que le vieillissement est un processus hétérogène incluant trois types et aboutissant à un déclin, mais progressif des capacités physiques, psychiatriques et intellectuelles.

Au terme de leurs recherches, ils ont, dans un premier temps, identifié le vieillissement pathologique associé à la maladie. Ensuite, le vieillissement usuel ou normal relatif à la programmation de l’horloge biologique, pour la simple raison que nous sommes programmés pour vivre un certain nombre d’années. Enfin, ils ont déterminé le type de vieillissement réussi ou vieillissement robuste avec une conservation optimale des grandes fonctions humaines.
Et c’est à ce niveau qu’on va mieux comprendre la spécificité de la gériatrie, la plasticité du vieillissement, indique le gériatre Mamadou Coumé. Pour conforter la thèse du vieillissement réussi, une cohorte de personnes a été mise dans un programme et suivie. Ce qui permet à Mamadou Coumé de dire que si certains facteurs sont réunis, il y a bien des possibilités pour les personnes âgées de vieillir dans de bonnes conditions. Et il évoque les facteurs environnementaux, individuels et sociaux.

Selon lui, des individus qui ont des profils bien particuliers, qui ont maintenu leurs activités physiques, intellectuelles, qui ont des rapports sociaux considérables et qui ont un certain niveau socio-économique (donc qui ne sont pas pauvres), réussissent souvent leur vieillissement. Et le spécialiste englobe le tout dans ce qu’il désigne par “ les trois conditions pour réussir le vieillissement ”. Il s’agit pour la personne âgée d’avoir un bon état nutritionnel, un bon maintien de l’activité physique et des contacts sociaux importants.

“Le vieillissement n’est plus péjoratif ”

Pour le médecin-chef du centre médico-social de l’Ipres, l’intérêt du vieillissement réussi réside dans le fait que maintenant “ le vieillissement n’est plus péjoratif ”. S’agissant du cas du Sénégal, Dr Mamadou Coumé fait savoir qu’il y a une amélioration de l’espérance de vie. Selon lui, les projections la fixent à 63 ans. Un autre aspect important pour le médecin-chef du Centre médico-social de l’Ipres est qu’il existe de plus en plus une prise en compte de la notion de retraite. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Mieux, indique-t-il : “ Maintenant, on fait face aux maladies de la vieillesse ”.

Il rappelle que “ nous sommes une société gérontocratique ”. Malheureusement, il y a, de plus en plus, une dislocation de la cellule familiale consécutive à la pauvreté qui gagne du terrain, à l’exode rural et à une urbanisation anarchique. À son avis, “ c’est la société qui menace un peu ce profil, cette stabilité ”.

Au plan individuel, le vieillissement d’une personne dépend en grande partie des réserves personnelles qui lui permettent d’avoir une bonne hygiène de vie et de conserver son autonomie. Cette dernière dimension intéresse beaucoup plus les personnes âgées. C’est pour cette raison, confie Dr Coumé, que : “ toutes les personnes âgées disent qu’elles ont peur de perdre leur autonomie ”. Quant à la qualité de vie, elle dépend de la capacité fonctionnelle des organes. Agressions psychologiques, baisse de la vue, perte d’appétit … : Ces maladies les plus fréquentes chez les personnes âgées.

Les événements qui surviennent dans le cours de la vie retentissent souvent sur la santé des personnes âgées. Celles-ci les vivent douloureusement à cause de leur hypersensibilité. Les maladies auxquelles les personnes âgées sont confrontées sont souvent consécutives à certains événements qui surviennent dans la vie. Le Dr Mamadou Coumé parle des agressions psychologiques (perte d’un conjoint, d’un ami, l’échec d’un enfant, etc.). Et pour cause, justifie le gérontologue : “ On vit différemment une perte avant ou après 50 ans. Un échec est toujours mal vécu ”.

À côté des agressions psychologiques, la vue baisse chez les personnes âgées qui perdent aussi l’appétit. “ Ces événements sont douloureusement vécus par la personne âgée qui est très sensible au regard de l’autre. Elle est comme elle est. Mais, elle est perçue comme on la perçoit ”. D’où l’intérêt pour cette personne qui commence à perdre son estime de bénéficier d’un regard bienveillant, valorisant, important. D’autant que souligne Dr Coumé, “ personne n’est préparé au vieillissement”. Cependant, il précise comme pour marquer une certaine différence que “ les grands hommes et les écrivains vieillissent toujours bien. Ils lisent beaucoup. Ils ont un bon programme nutritionnel ”. Poursuivant, le spécialiste ajoute : “ Le fait de partager adoucit ”.

Grâce à la gériatrie-gérontologie, on est arrivé à une longévité dans la qualité. “ Notre défi justement, c’est de repousser la longévité dans la qualité. Nous sommes en train de rechercher tous les facteurs ”, indique Dr Mamadou Coumé qui souligne que la moyenne de maladies chez une personne âgée tourne autour de quatre. Cela conduit à une consommation de médicaments qui coûtent cher. Et “ c’est un cercle vicieux ”, ajoute-t-il. Deux types de classification sont faits à propos des maladies qui surviennent au cours du vieillissement. Il y a, d’une part, les maladies de longue durée ou pathologies chroniques qui font 70 % et d’autre part les maladies aiguës.

Parmi les affections de longue durée, il y a l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies dégénératrices, rhumatismales, les problèmes nutritionnels, les affections uro-génitales (prostate chez l’homme et ménopause chez la femme), les affections oculaires (glaucome, cataracte, etc.). Dans ce lot, on met également les affections neurologiques (les démences) et les affections cancéreuses (cancer de la prostate et de l’utérus). S’agissant des problèmes nutritionnels, Dr Ousseynou Kâ du Centre de gérontologie, gériatrie de Ouakam, fait savoir qu’une enquête menée dans ce quartier où est implanté le centre révèle que 12 % des personnes âgées étaient dans un état de dénutrition. “ Alors que la dénutrition de ce groupe ne fait partie d’aucun programme ”, regrette Dr Kâ qui estime que “ les personnes âgées constituent bien un groupe vulnérable ”.

Dans la catégorie des affections aiguës de nature saisonnière, on retrouve le paludisme, les affections respiratoires, traumatiques (fémur chez l’homme, poignet chez la femme). Dr Mamadou Coumé précise que les femmes consultent plus facilement les médecins. “ C’est pourquoi, on les dépiste mieux, alors qu’à cause des tabous, les hommes viennent souvent quand ils n’ont plus le choix ”. Et de conclure sur ce chapitre : “ il faut que les hommes aient le courage de se faire dépister tôt ”.

Des conseils pour mieux s’en sortir

Le vieillissement a toujours été associé à la maladie jusqu’à ce qu’on mette en avant la thèse du vieillissement réussi. Toujours est-il que les personnes âgées sont souvent confrontées à des maladies récurrentes. Dans ce cas, elles sont dans l’obligation de prendre des médicaments. Mais, rectifie tout de suite Dr Coumé : “ l’ordonnance du vieillissement, c’est tout sauf des médicaments. Ce sont plutôt des conseils dans le sens d’un bon maintien et d’une performance des grandes facultés humaines ”. Et Dr Ousseynou Kâ de corroborer les propos de son confrère en ces termes : “ Nous avons tendance à médicaliser alors que les problèmes sont autres ”. Pour cette raison, il veille à intégrer la famille dans le dispositif de prise en charge des personnes âgées.

Pour Dr Coumé, un intellectuel qui ne lit plus perd ses facultés mentales. Pour cette raison, il avance : “ nos disciplines soignent, mais elles préviennent surtout ”. C’est pourquoi, il préconise de faire en sorte que la personne âgée consomme moins de médicaments, qu’elle fasse plus d’activités physiques. “ Il y a des astuces simples à la place des médicaments”, soutient le spécialiste qui avoue être submergé par la médecine curative alors qu’il devrait donner des conseils aux personnes âgées. Dans le même sillage, Dr Ousseynou Kâ souligne que des facteurs comme le stress, la faiblesse des ressources influent négativement sur la santé des personnes âgées. Et l’exemple de ce retraité qui touche 8000 F CFA et qui a des palpitations liées à la hantise de sa pension est, selon lui, assez révélateur de l’angoisse vécue par ces personnes.

D’ailleurs, Dr Kâ fait savoir qu’une étude révèle que 38 % des ménages de plus de 10 personnes sont gérés au Sénégal par des personnes âgées. Puisque le manque de ressources a une incidence sur la santé des personnes âgées, ce gériatre pense que ces dernières méritent d’être intégrées dans les programmes de lutte contre la pauvreté.

Soigner les personnes âgées, c’est aussi lutter contre l’âgisme

Le vieillissement de la population doit s’accompagner d’un programme d’information, d’éducation, de formation pour mieux prendre en charge les personnes âgées. Et, certains pays l’ont réussi en passant à une autre étape qui est de remplacer certaines généralités par la gériatrie. La gériatrie est une médecine d’avenir. Tel est le point de vue du gériatre et gérontologue Mamadou Coumé qui fait savoir que dans certains pays, la gériatrie a remplacé certaines généralités. Se fondant sur de telles initiatives, il est de plus en plus convaincu que le vieillissement de la population doit s’accompagner d’un programme axé sur l’information, l’éducation, la communication (Iec) et la formation.

Un programme auquel tous les médecins doivent participer. “ Nous sommes en train de nous battre pour cela. Nous enseignons la gériatrie à la Faculté de Médecine depuis 2000. Je crois qu’on gagnerait à renforcer les personnes âgées et à lutter contre “ l’âgisme ”, c’est-à-dire la ségrégation par l’âge ”, indique-t-il. Et il dénonce avec la dernière énergie tous les professionnels de la santé qui s’adonnent à cette forme de ségrégation basée sur l’âge du patient. Selon lui, quand un jeune et une personne âgée se présentent au même moment dans une structure sanitaire, certains professionnels ont tendance à prendre en charge le moins âgé et à négliger la personne âgée.

“ Je dénonce cette attitude ! ”, lance Dr Coumé. Et d’indiquer : “ Il faut que les gens soient formés à l’accueil et à la prise en charge des personnes âgées. Heureusement que l’Ipres est en train de construire un centre de gériatrie ”. Ce dernier est situé à Colobane et il sera bientôt fonctionnel.

Carte sésame et gratuité des soins

La lutte contre cette forme de discrimination doit même toucher le système de retraite, estime Dr Ousseynou Kâ qui postule aussi que l’âge ne doit pas être un facteur de discrimination dans l’exercice de ses activités. Selon lui, l’individu doit pouvoir continuer à s’activer si les conditions physiques, mentales, psychologiques sont réunies.

En plus, les gériatres Coumé et Kâ saluent l’engagement politique manifeste des autorités sénégalaises en faveur des personnes âgées. D’ailleurs, cette volonté est concrétisée par l’annonce du chef de l’Etat de rendre les soins gratuits à toutes les personnes âgées sur l’étendue du territoire national. C’était dans son adresse à la nation, le 3 avril 2006, veille de la célébration du 46è anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Avec l’entrée en vigueur de cette décision majeure, il faut juste, pour les personnes âgées de 60 ans et plus, se présenter dans les structures sanitaires munies de la “ carte sésame ” spécifiquement confectionnée pour elles.

Pour Dr Mamadou Coumé, avec la “ carte sésame ”, les personnes âgées ont accès gratuitement à l’ensemble des services sociaux de base. L’initiative est enclenchée depuis janvier 2002 avec la tenue d’un conseil interministériel sur le vieillissement et à l’issue duquel un décret portant instauration de la carte sésame a été rendu public, rappelle-t-il.

La mesure salutaire de gratuité des soins aux personnes âgées est bénéfique pour les 650 000 d’entre elles recensées dans le cadre d’une enquête nationale réalisée en 2002 et dont les 30 % seulement avaient une couverture sociale. “ Ce sont les retraités de l’Ipres et du Fonds national de retraite (Fnr). Pour les 70 % restants, il n’y avait rien. Pas de couverture sociale ”, affirme Dr Mamadou Coumé.

Astuces pour bien vieillir : Etre tolérant, avoir des amis ....

Peut-on prévenir les maladies liées à la vieillesse ? “ Tout à fait ! ”, estime Dr Mamadou Coumé.Selon lui, il y a d’abord une prévention primaire relative à la qualité et à l’hygiène de vie. Pour cela, il faut commencer assez tôt en ayant une bonne activité physique, une bonne nutrition. Assurer l’entretien et le développement des performances intellectuelles, éviter les abus comme l’alcool, le tabac, avoir une sexualité équilibrée, se vacciner contre les maladies (vaccination saisonnière classique et saisonnière) sont d’autres conseils donnés par le spécialiste.

Il en est de même de la nécessité de s’informer, d’avoir une ouverture d’esprit, d’être tolérant, de faire preuve d’une capacité d’anticipation, d’accepter les dépistages (cancer, par exemple), d’avoir un réseau social (favoriser le contact social), d’éviter les abus (sel, sucre). Dr Coumé encourage également la scolarisation des enfants, mais aussi et surtout celle des filles.

L’altruisme, la foi constituent d’autres clés dégagées par Dr Ousseynou Kâ pour bien vieillir. Quant à la prévention secondaire, elle se résume, selon Dr Coumé à faire accepter et à faire confiance à la science. Ainsi, ce spécialiste est-il d’avis qu’il faut faire en sorte que les soins soient accessibles. Mieux, il pense que la prévention quelle qu’elle soit doit être l’affaire de la collectivité, des décideurs. “ Il faut qu’on lève les tabous sur le vieillissement qui est un terme péjoratif. A la place de vieux, de vieillards, je préfère qu’on parle de seniors et d’aînés ”, suggère-t-il.

A ce niveau, note Dr Ousseynou Kâ, la famille doit être intégrée dans la prise en charge des personnes âgées. Cependant, il reconnaît que cet exercice est difficile dans la mesure où quand sonne l’heure de la retraite, le sujet âgé est considéré dans sa propre maison comme un élément de trop, qui s’intéresse à tout. Alors que pendant des années, il a ignoré ce qui se faisait chez lui. Partant de ce constat, Dr Kâ estime que beaucoup de retraités ont des problèmes d’insertion. N’empêche, il reste convaincu que la famille doit être au cœur du dispositif de prise en charge. “ Elle doit intervenir de la naissance à la mort ”, dit-il. Pour cette raison, son rôle doit être renforcé. Vieillissement de la race noire : Un institut africain pour relever le défi.

S’agissant de la formation proprement dite, Dr Coumé confie que le projet de formation en gériatrie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est finalisé. “ Mais, il n’est toujours pas financé ”, regrette-t-il. D’ailleurs, au-delà du Sénégal, l’ambition du médecin-chef du Centre médico-social de l’Ipres est de construire un Institut africain de gériatrie qui aura pour vocation la recherche, les soins, la formation, l’enseignement.

S’il tient à ce projet, c’est parce que Dr Mamadou Coumé estime que “ nous devons relever, en tant que race noire, notre défi. Autant le vieillissement humain de la race blanche est connu, autant chez nous ce n’est pas le cas. Et la tendance pour les Européens, c’est de nous imposer leurs normes”. Pour cette raison, il avance qu’il se doit de relever ce défi pour montrer que la race noire a sa spécificité. Et il est d’autant plus convaincu que les jeunes cadres africains doivent se défendre. “ Mais, dans ce combat, personne ne nous soutient ”, déplore-t-il. En tout cas, si la question de la formation est réglée ainsi que celle relative aux infrastructures pour prendre en charge les personnes âgées, cela permettrait à coup sûr de réduire considérablement les difficultés rencontrées dans ce secteur spécifique de la santé. Lesquelles ont notamment pour nom pauvreté, analphabétisme.

Pour le médecin-chef du Centre médico-social de l’Ipres, l’analphabétisme des personnes âgées a un impact négatif sur le suivi, la prise en charge et l’observance du traitement. En outre, déclare-t-il : “ C’est la pauvreté qui fait que les gens ont difficilement accès aux médicaments et sont exposés à la dénutrition ”. Pour pallier ces difficultés, Dr Coumé préconise un programme d’assistance en faveur des personnes âgées.

Malick Ber Seck : Un modèle réussi de retraité

Encore actif après sa retraite, Malick Ber Seck incarne à coup sûr le modèle de personnes âgées ayant réussi à gérer leur vieillissement. Cela pour avoir maintenu ses activités physiques, ses contacts sociaux. Entre autres astuces conseillées pour bien vieillir.

“ Une personne âgée active ! ”. Tel est le qualificatif que le Dr Ousseynou Kâ du Centre de gériatrie de Ouakam donne de Malick Ber Seck. Un retraité de 67 ans qui refuse de se mettre sous l’arbre à palabres. De résumer ses activités quotidiennes à aller à la mosquée. A égrener à longueur de journée son chapelet. Quand la retraite a sonné, “ j’ai décidé de ne pas rester les bras croisés. Je me suis investi dans une association afin d’aider les retraités à constituer leur dossier médical ”, déclare-t-il. Cela à travers la Cellule d’aide et d’appui aux personnes âgées (Caapa) créée en partenariat avec l’Ipres et la ville de Dakar. C’est ainsi que des retraités affiliés à cette institution ont pu mettre sur place un Gie qui leur permet de disposer de denrées alimentaires payables tous les trois mois.

Pour cet ex-entraîneur de foot, qui a toujours évolué dans le mouvement associatif, “ c’est une autre vie qui commence après la retraite ”. Une vie faite surtout de difficultés dans la mesure où au Sénégal les travailleurs ne préparent pas leur retraite. Et le cas de Malick Ber Seck est assez révélateur de cette situation quasi identique chez les travailleurs sénégalais. “ J’ai travaillé jusqu’au 31 décembre 1995 à 18H. Et le lendemain, je devais prendre ma retraite ”, confie-t-il.
Poursuivant, il ajoute : “ Je n’ai jamais pensé à une éventuelle reconversion ”. Propos corroborés par le gériatre Ousseynou Kâ qui estime qu’il n y a pas de culture de la retraite au Sénégal. “ Préparer son lendemain heurte la conscience religieuse, alors que c’est fondamental ”. Et c’est parce qu’il n y a aucune préparation que certains retraités se rendent tous les jours dans leurs lieux de travail ou passent leurs journées à la grand-place.

Pour inverser la tendance et faire en sorte qu’ils soient actifs après, Malick Ber Seck est d’avis que les syndicats de travailleurs doivent faire de la retraite une de leurs préoccupations fondamentales. “ Les syndicalistes doivent regrouper les futurs retraités pour leur parler de leur situation à venir, de leur traitement post-retraite. Il doit en être également de la gestion de l’argent remis lors du départ à la retraite ”, insiste notre interlocuteur qui regrette la tendance des retraités à gaspiller cet argent.

“Médecin sans blouse”

Pour le docteur Ousseynou Kâ, Malick Ber Seck incarne le rôle de “ médecin sans blouse ” dans la mesure où il constitue une passerelle entre les activités du Centre de gériatrie de Ouakam et le village éponyme. Major du service Orl d’un hôpital de la place pendant 33 ans, 6 mois et 16 jours, Malick Ber Seck aide aujourd’hui le centre dans le suivi des diabétiques et des hypertendus de son quartier.

Muni d’un tensiomètre, il sillonne le village de Ouakam pour faire des visites à domicile et donner des conseils aux personnes âgées. Surtout en matière de nutrition. Et pour cause, informe Dr Kâ : “ Une enquête a été menée dans le quartier pour voir l’état nutritionnel des personnes âgées. Et l’on s’est rendu compte que 12 % d’entre elles étaient dans un état de dénutrition. Alors qu’elles ne figurent pas dans le Programme de renforcement de la nutrition ”.

Les personnes âgées étant vulnérables, on leur recommande de beaucoup boire, de manger varié. Par rapport à l’alimentation, Malick Ber Seck qui incarne le modèle de retraité non oisif dit manger assez souvent dans la journée et varié. Mais, il reconnaît qu’il est difficile à un retraité de suivre un régime alimentaire du fait de la faiblesse de ses ressources.

Chez ce retraité adepte de la marche, à défaut de pouvoir faire des abdominaux, il ne se pose, par contre, pas de problème d’adaptation dans sa propre famille. “ Ma famille s’occupe bien de moi ”. Contrairement à certains retraités qui continuent à nourrir leur progéniture, alors que cette dernière est confrontée au chômage, ses enfants sont actifs. Et ils aident beaucoup ce sexagénaire qui surfe sur Internet à domicile dans la gestion quotidienne du foyer.

A côté du bon maintien des activités physiques, de la lecture, Malick Ber Seck a de bons contacts sociaux. Il reçoit des gens chez lui. Tout comme il leur rend visite. Ainsi, trouve-t-il que l’occupation joue un rôle fondamental dans la santé des personnes âgées. Dr Ousseynou Kâ de confirmer : “ L’occupation a un aspect bénéfique sur la santé des personnes âgées ”. Pour cette raison, il sollicite des projets porteurs pour cette couche de la population.

En tout cas, notre retraité qui gère bien son statut socio-professionnel reste actif. Il respire la forme et gère bien son diabète qui ne lui crée pas de souci. La passion pour la marche, Malick Ber Seck la partage avec un autre retraité suivi au Centre médico-social de l’Ipres qui fut aussi un sportif dans sa tendre jeunesse. C’est ainsi que ce dernier fait 700 à 800 m par jour, soit environ 30 minutes de marche, même si dans sa famille on lui déconseille de sortir. “ Mais moi, je veux marcher. Je le fais ”.

Comme quoi, il y a toute une campagne d’information, d’éducation à mener pour un accompagnement de qualité des personnes âgées. Et l’essentiel du travail des gériatres et gérontologues du Centre médico-social de l’Ipres et du Centre de Gériatrie et de Gérontologie de Ouakam tourne autour de cette dimension fondamentale de la prise en charge de cette cible bien particulière.

Dossier réalisé par Maïmouna GUEYE

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