06/12/2025 - Togo First - Togo
Lancée en 2015, l'application DokitaEyes revendique aujourd'hui 45 000 utilisateurs et plus de 230 structures de santé partenaires. Son co-fondateur, Koffivi Agbetiafa, revient sur une décennie de développement dans un secteur où l'adoption reste le principal défi.
L'origine de DokitaEyes remonte à 2014, avec la création de l'association : « Coursier d'hôpital ». Le constat de départ : les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes en situation de handicap peinent à naviguer dans le système de santé togolais. « Vous voyez une personne âgée qui doit faire la queue à chaque étape, achat de bon de consultation, une queue interminable dans la salle d'attente du médecin », explique Koffivi Agbetiafa. En Afrique, le respect envers les aînés est profondément ancré dans la culture, mais cette considération ne se traduit pas toujours dans les formations sanitaires, observe-t-il.
L'association a d'abord déployé des « facilitateurs médicaux » dans les centres de santé pour accompagner physiquement ces populations vulnérables. Ces agents prenaient en charge l'ensemble du parcours administratif : formalités à la caisse, accompagnement au laboratoire, achat de médicaments en pharmacie. Le dispositif a démarré dans 4 structures publiques avant de s'étendre à 20 établissements, incluant des centres privés et confessionnels.
La digitalisation est venue répondre à une demande croissante, notamment de la diaspora souhaitant suivre la santé de leurs proches au Togo. « On a pensé mettre en place une application qui permettait aux patients de renvoyer eux-mêmes leur propre suivi », précise le co-fondateur. Les patients pouvaient désormais signaler directement au prescripteur les effets secondaires d'un traitement, sans attendre la visite d'un facilitateur.
DokitaEyes s'attaque à un problème structurel du système de santé togolais : l'absence de continuité dans le suivi médical. « Le patient achète un carnet à l'arrivée à l'hôpital. Il ne reviendra pas avec ce même carnet à la prochaine consultation. À chaque consultation, il achète un nouveau carnet », observe Koffivi Agbetiafa. Cette fragmentation empêche les professionnels de santé de construire un traitement sur la base d'un historique fiable.
« On ne peut pas construire la santé individuelle et arriver à faire la prise en charge correctement lorsque le professionnel de santé fait un traitement à vue parce qu'il n'a pas eu accès à l'historique », selon le co-fondateur. Un médicament inefficace peut être prescrit à nouveau, une analyse récente peut être redemandée, générant des coûts supplémentaires pour le patient.
La plateforme centralise l'historique médical accessible via un QR code. Chaque patient crée son dossier de façon sécurisée et présente sa carte lors des consultations. Seul le prescripteur autorisé peut accéder aux informations. « Les patients n'ont pas accès au dossier des autres patients », précise Koffivi Agbetiafa, soulignant les mesures de protection des données mises en place...
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