04/12/2025 - Mali web - Mali
Cette exclamation, faite d’une voix ferme et comme un cri d’alerte de Kadiatou Kanté, Présidente de l’Association «Les Combattantes du Cancer » a glacé un public mobilisé lors de la Journée des 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence à l'encontre des femmes organisée le 27 novembre 2025 à Bamako par l’Association Femmes et Sports et la Délégation de l’Union européenne au Mali, Elle a poussé à réfléchir sur les différentes formes de violence visant les femmes (physique, psychologique, déni de ressources, harcèlement, etc.). Toutes ces formes de violences sont souvent recensées et débattues, mais rarement celles liées aux maladies, en particulier celle qui touche l’essence de la féminité : le cancer du sein.
La mastectomie est une intervention chirurgicale consistant en l’ablation totale ou partielle d’un ou des deux seins en raison de cellules cancéreuses. Elle vise à éviter tout risque de récidive pour sauver la vie de la patiente lorsque les diagnostics sont tardifs, explique le Dr Robert Sylvestre Sidibé, Gynécologue, Oncologue et Chercheur. Selon lui, cette pratique dépasse largement le cadre oncologique, car plusieurs situations peuvent pousser les médecins à recommander la mastectomie, que ce soit à titre préventif ou thérapeutique. Cela inclut la mastectomie prophylactique, les infections sévères du sein, des traumatismes graves, ainsi que chez les patientes présentant un risque génétique très élevé de cancer du sein, notamment celles porteuses des mutations BRCA1, BRCA2 ou d'autres gènes à haut risque.
Au Mali, le cancer du sein demeure un problème majeur de santé publique, figurant parmi les principales causes de morbidité et de mortalité (Ministère de la Santé/ Mali Médical 2024). En 2020, le nombre de cas enregistrés était de 2.450 nouveaux cas de cancer du sein, représentant 17,3 % des cas, avec 1 425 décès, soit 13,9 % des décès (Mali Médical 2024, Tome XXXIX N°2). Selon cette étude, le taux de létalité pour les cancers du sein et du col de l’utérus combinés est très élevé, atteignant 60 %, et l’âge moyen au diagnostic est de 47,6 ans. Les données des services de chirurgie générale des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) de Bamako indiquent également que la mastectomie est l’intervention chirurgicale la plus fréquente, représentant 72 % à 95 % des interventions pour cancer du sein curatif.
Cependant, le Dr Sidibé souligne que le post-mastectomie a un grand impact social et psychologique sur les femmes victimes de cancer. Comme l’ont témoigné plusieurs survivantes, la mastectomie trouble profondément les femmes, créant en elles un manque de confiance en soi et en leur féminité. À cela s’ajoutent les stigmatisations faites par la société ou certains conjoints.
Selon Kadiatou Kanté, Présidente de l’Association « Les Combattantes du Cancer » et victime de cancer en 2015-2016, les survivantes des cancers du sein et du col de l’utérus sont souvent victimes de violence à leur égard. « On doit classer cette forme de violence parmi les violences basées sur le genre (VBG). Lorsqu’on est victime des cancers du col de l’utérus ou du sein, au-delà de la douleur et des souffrances liées à la maladie et à son traitement, on fait face au rejet de la société, singulièrement à l’abandon de certains époux. » Selon elle, au sein de leur association, de nombreuses femmes ont été abandonnées à leur sort et ont divorcé de leurs conjoints à la suite de leur cancer.
Ses propos sont soutenus par Kéïta Mariam Kéïta, également rescapée d’un cancer du sein et membre de l’association. Pour sa part, elle raconte : « face à la maladie de leur femme, beaucoup d’hommes abandonnent leurs partenaires, soit à cause des coûts élevés de la prise en charge, soit à cause des désagréments liés à la maladie durant le traitement, tels que la perte des cheveux, les douleurs et les diarrhées. Durant le traitement, la malade est dépourvue de toute envie sexuelle, ce qui ne convient pas à certains hommes qui choisissent alors d'épouser une autre femme ou de se séparer de leur partenaire. » Elle souligne qu’au cours de leurs traitements, certaines femmes font face à des cruautés de la part de leur partenaire, sans aucune empathie pour elles.
De plus, des membres de cette association témoignent avoir subi des séries de dénigrements dans leur entourage. « Le pire, c’est quand tu as une coépouse ou quand ton mari va chercher une autre femme parce que, malade, tu ne peux pas accomplir tes devoirs conjugaux. Alors bonjour le drame, les moqueries au quotidien », s’est offusquée Korotomou Mallé, une rescapée du cancer ayant subi une mastectomie. Des appellations stigmatisantes telles que « Musso Sikélé » (femme à un sein) ou « Femme incomplète » sont répétées en cascade par les membres de cette grande association de femmes engagées contre les cancers au Mali...


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