07/12/2025 - Le soleil - Sénégal
Invité à prononcer la conférence inaugurale du 6e congrès de la Société sénégalaise de médecine interne (Sosemi), le Pr Djibril Samb a livré une leçon toujours actuelle sur « l’Approche hippocratique de l’éthique médicale ».
On connaît plus Djibril Samb pour ses travaux sur les études platoniciennes. Mais, ceux qui lisent vraiment le philosophe sénégalais savent également que c’est un esprit éclectique. Comme le montre les cinq tomes de son journal philosophique « L’heur de philosopher la nuit et le jour », rien de ce qui touche au vivant n’échappe à l’attention de cet humaniste radical.
C’est donc tout naturellement, en bon helléniste, qu’il s’intéresse à Hippocrate, le fondateur de la médecine moderne, à qui il a consacré un chapitre dans son ouvrage intitulé « Études de philosophie ancienne et médiévale (L’Harmattan Sénégal, 2020).
C’est à ce penseur que la Société sénégalaise de médecine interne (Sosemi) a fait appel pour prononcer la conférence inaugurale de son 6e congrès qui s’est ouvert, le 4 décembre 2025, à Dakar, sur le thème : « Approche hippocratique de l’éthique médicale ».
De l’aveu même du président de la Sosemi, Saraboury Gning, c’est « une prouesse » que de faire sortir le philosophe de son jardin de Bango, à Saint-Louis, où, à l’image des stoïciens, il est retranché depuis sa retraite à l’université, consacrant sa vie entière à la recherche et à l’écriture.
Connu pour « sa rigueur, sa passion et son élégance dans tous ses gestes », Djibril Samb a, souligne le président de la Sosemi, « le profil, le vécu, la compétence et la légitimité » pour traiter ce thème.
L’ancien maire de Thiès Talla Sylla, qui fut étudiant du Pr Samb, souligne la solennité du moment. En effet, le maître a fait de cette conférence sa dernière prise de parole publique, en dehors de ses cérémonies de dédicaces.
Malgré le poids de l’âge, celui-ci, comme à son habitude, a tenu son public en haleine pendant un tour d’horloge, dans une réflexion mêlant philosophie et médecine, soin et éthique.
Le Pr Djibril Samb a donné une leçon très actuelle sur l’éthique médicale, comprise comme une interrogation sur la valeur du bien et du mal dans la pratique médicale, sur le fondement ultime de cette valeur et sur les règles qui la sous-tendent.
Après avoir passé en revue le très célèbre Serment d’Hippocrate et les Traités éthiques (un ensemble de traités, de date variable), dans lesquels les médecins hippocratiques évoquent les aspects éthiques de leur profession tous aussi importants, mais injustement négligés, le conférencier note qu’il se dégage de ses textes « un profond humanisme, un humanisme concret, centré sur le malade ».
« Ce n’est pas la recherche ni de la gloire, ni de la réputation, ni de l’argent, toutes choses que le médecin hippocratique ne dédaigne nullement, mais bien l’amour de l’humanité », observe le philosophe.
À ses yeux, toutefois, l’humanité n’est pas une abstraction désincarnée, mais elle prend le visage d’un homme qui souffre et qu’il faut soulager au mieux : l’humanité prend le visage du malade.
En plaçant le malade, c’est-à-dire immédiatement son avantage, son soulagement comme fin unique à laquelle tous les moyens sont soumis, souligne le conférencier, le médecin place réellement l’homme, le bonheur de l’homme, au centre de sa profession.
Leçon de fidélité et de loyauté à l’égard du maître, leçon d’altruisme et de philanthropie au service du malade, leçon d’humilité et de pragmatisme. Ce sont là, dit-il, les enseignements majeurs de l’éthique médicale patiemment exposée dans les traités éthiques de la Collection hippocratique.
Cette éthique professionnelle est fondée sur l’humanisme le plus exigeant, lequel s’exprime dans la finalisation du malade : « aucun acte ne peut être considéré comme de nature médicale s’il n’a pour objet le confort du malade, sa guérison ».
L’enseignement le plus profond des traités, qui déborde ô combien la pratique médicale, conclut le Pr Samb, c’est que l’Humain, c’est-à-dire son bonheur, constitue le critère et la valeur suprêmes, le Bien, la fin que doit rechercher toute activité et qui, en retour, permet de juger de la légitimité de toute activité.
« C’est là un enseignement à garder toujours présent à l’esprit. En effet, parce qu’ils placent l’Humain au centre de leurs préoccupations professionnelles, même les plus immédiates, même les plus prosaïques, les médecins hippocratiques me semblent si proches de nous : ils ne parlent pas seulement de nous, ils nous parlent comme des frères compatissants », soutient le philosophe.
La réflexion puissante du Pr Djibril Samb a donné le ton du 6e congrès de la Société sénégalaise de médecine interne (Sosemi) qui a pour parrain feu Boubacar Wade.
Pour le Dr Samba Cor Sarr, directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, le thème de cette édition est d’autant plus important que le contexte actuel est marqué par le développement de la médecine personnalisée pour aller au plus profond de la vie médicale de la personne.
Pour assurer le continuum de soins, il juge crucial le rôle du médecin interniste. Celui-ci s’occupe des maladies complexes ou polypathologies. Ce qui fait de lui un chef d’orchestre pour une prise en charge globale.
Il est apte à gérer des patients atteints de plusieurs pathologies et nécessitant une approche holistique pour cerner le malade et l’accompagner. Par cette position, il a accès à un ensemble de données médicales sur le patient...

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