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09/12/2025 - Africa Guinée - Guinée
MACENTA-Au milieu des bâtiments envahis par la végétation, vestiges d’un passé industriel presque effacé, subsiste un pan essentiel de l’histoire économique, sanitaire et sociale de la Guinée forestière : l’usine de quinine de Sérédou. Ce site, aujourd’hui abandonné, fut l’un des plus grands projets pharmaceutiques de toute l’Afrique de l’Ouest durant l’ère coloniale. Notre rédaction basée à Nzérékoré s’est rendue sur les lieux, où d’anciens employés racontent encore, avec émotion, ce que fut la grandeur de cette usine et les raisons de son déclin. Reportage.
L’usine de quinine de Sérédou voit le jour au début des années 1940, dans une Afrique de l’Ouest frappée de plein fouet par le paludisme, maladie endémique décimant populations civiles et troupes coloniales. La quinine, extraite du quinquina, représentait alors l’unique traitement efficace.
La Guinée forestière est choisie pour sa pluviométrie, ses sols riches et son potentiel agricole exceptionnel. Sérédou, carrefour stratégique entre Macenta et N’Zérékoré, devient ainsi le siège d’un projet ambitieux associant plantations industrielles et unité pharmaceutique moderne.
Avant même la construction de l’usine, d’immenses plantations de quinquina sont aménagées.
Pierre Thorend Sagno, fonctionnaire à la retraite, ancien employé de cette unité industrielle et témoin direct, précise : « Les travaux ont commencé par les plantations. Il fallait planter, attendre neuf ans, dessoucher, faire sécher », confie-t-il avant d’indiquer que l’usine était prévue à Dakar.
« Le directeur Lalande a été impliqué. En réalité, l’usine-là devait être construite à Dakar. Mais lui, il s’est impliqué. Il a dit non, on ne peut pas prendre les écorces ici, les envoyer à Dakar. L’usine à Dakar, et les plantations en Guinée, il fallait prendre les écorces, déposer à Conakry puis, envoyer à Dakar, vous voyez ce que ça fait. Lalande s’est impliqué et il a lutté. »
C’est en 1955 que l’usine entre officiellement en production. Elle comprenait, des salles de séchage des écorces, des laboratoires pour extraire l’alcaloïde quinine, des unités de fabrication de comprimés et solutions destinés à toute l’AOF, des infrastructures agricoles, hydrauliques et même un petit hôpital pour le personnel.
Des années 1950 à la fin des années 1970, l’usine connaît son apogée. Plus de 1000 travailleurs y sont employés, répartis entre plantations, extraction, transformation et services annexes.
« C’était une vie agréable. Les travailleurs étaient bien entretenus. Il y avait un dispensaire, un ravitaillement, même une étale où on abattait les bœufs. Les célibataires recevaient 18 kilos de riz par mois y compris les condiments », se souvient M. Sagno...
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