23/09/2025 - Le Faso - Burkina Faso
Au Burkina Faso, la médecine légale reste entourée de nombreux préjugés et très souvent restreinte à la mort. Pourtant, la réalité est bien différente. Médecin légiste et expert en réparation juridique du dommage corporel, le Dr Cheick Ahmed Dao se situe à l’interface de la médecine et du droit. Son rôle est de mettre la médecine au service de la vérité, de protéger les vivants en rétablissant leurs droits, et de rendre justice aux défunts. Dans cette interview, il explique cette discipline encore méconnue, mais essentielle à l’équilibre de la société et au bon fonctionnement de la justice.
Lefaso.net : Pourquoi avoir choisi une spécialité aussi exigeante et peu connue ici ?
Dr Cheick Ahmed Dao : Justement parce qu’elle est peu connue et essentielle ! Son côté "exigeant" est un défi stimulant. Le Burkina Faso a besoin de toutes ses compétences pour renforcer son système judiciaire et sanitaire. J’ai choisi cette voie par conviction, pour être un pionnier dans un domaine crucial pour notre pays. C’est un choix exigeant, certes, mais c’est aussi un immense privilège de pouvoir apporter son expertise dans des situations souvent difficiles et d’avoir un impact direct sur la recherche de la justice.
Comment définiriez-vous concrètement le rôle d’un médecin légiste dans le contexte burkinabè ?
Concrètement, le médecin légiste au Burkina est un "décrypteur de la vérité par la science". Notre rôle a trois facettes. Pour les défunts, nous déterminons la cause exacte d’un décès par l’autopsie, que ce soit pour une enquête criminelle ou pour répondre à une question médicale. Et pour les personnes vivantes, nous examinons les victimes de violences. Par exemple, les victimes de coups, d’agressions sexuelles ou d’accidents pour constater leurs blessures, évaluer leur incapacité et ainsi documenter les preuves de l’infraction. Il y a aussi notre rôle pour la justice. Nous traduisons nos constatations médicales en un langage clair et accessible pour les magistrats et les avocats, sous forme de rapports d’expertises, afin de les éclairer dans leurs décisions.
Travaillez-vous davantage sur les autopsies ou également sur les victimes de violences ?
Beaucoup moins ! L’autopsie, bien que très médiatisée, n’est qu’une partie de notre travail. Une part tout aussi importante, voire plus grande, est consacrée à la médecine légale des vivants. Nous recevons très fréquemment des victimes d’agressions, d’accidents de la route, de violences conjugales ou de viols. Notre rôle est alors de les écouter, de les examiner avec respect et bienveillance, et de rédiger un certificat médical qui décrit précisément leurs blessures. Ce document devient une pièce maîtresse de leur dossier judiciaire.

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